Les céréales en Algérie entre l’"austérité" des conditions climatiques et le laxisme des pouvoirs publics (contribution) - Maghreb Emergent

Les céréales en Algérie entre l’”austérité” des conditions climatiques et le laxisme des pouvoirs publics (contribution)

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 « Le blé tendre est une espèce très sensible qui demande un bon niveau de précipitation ainsi que de l’humidité lors des moissons. Il faut du temps pour trouver les variétés qui s’adaptent à notre climat sec. Pour nous, ce n’est pas une question urgente. On dépendra de l’importation mais il faut, par contre, penser à changer le modèle alimentaire algérien, rationaliser la consommation et gaspiller moins  » dixit de DG de l’OAIC.

 

L’importation du blé (dur et tendre) représente 65 % des importations des céréales et le blé tendre présente 70% de l’importation du blé. En  2016 l’Algérie à importé 8.5 millions de tonnes de blé ( dur et tendre) avec une facture de 1.79 milliards de dollars us dont 6.43 millions de tonnes de blé tendre avec une valeur de 1.24 milliards de dollars us. Si l’amélioration  significative de la production du blé tendre n’est pas une urgence, en quoi consiste l’urgence alors ?

Notre pays produit 5 millions de quintaux de blé tendre et importe 65 millions de quintaux !!! Ce n’est pas urgent de pallier à ce problème de dépendance quasi-total des importations de ce produit hautement stratégique pour notre alimentation ? Dépenser plus de 1 milliards de dollars annuellement rien que pour apporter le blé tendre est en lui-même un problème crucial qui alourdi la facture alimentaire, un problème pour lequel on doit prêter plus d’intention et ne ménager aucun effort afin de le résoudre !

Il est à signaler que l’importation du blé tendre a triplé en 10 ans, c’est la conséquence de l’évolution du mode de consommation de la population qui est basée essentiellement sur la farine surtout après la prolifération des boulangeries rotatives ainsi que la pullulation  des fast food et pizzeria notamment, en dépit des diététiciens et autres nutritionnistes qui ne cessent de sensibiliser les populations sur la nécessité de consommer avec modération ces produits, le pain traditionnel qui se faisait jadis  avec la semoule s’est ‘’reconverti’’  également en farine parceque les ménagères la trouve facile à pétrir que la semoule !

Depuis quand on cherche les variétés qui s’adaptent a notre climat ? Et jusqu’à quand on continuera à chercher ?

On accuse toujours les variétés qui ne s’adaptent pas à notre climat pour justifier les faibles rendements enregistrés depuis toujours, en plus des faibles précipitations, qu’est ce qu’on a fait comme action pour sélectionner des vérités locales qui s’adaptent mieux au milieu ?pourquoi on procède pas à l’irrigation des ces cultures ? Pourquoi on ne trouve aucune difficulté à mettre en œuvre les moyens pour l’irrigation des différentes filières et qu’on ‘’ rencontre’’ toutes les difficultés du monde quand il s’agit  d’irriguer les céréales ?  Pourquoi ce problème n’a pas été pris de façon sérieuse au cours de l’application des programmes de soutien quand l’argent coulait à flot pour financer  le développement de l’agriculture, on a financé n’importe quoi et n’importe comment sans pour autant s’occuper du développement de la filière céréale dont la dépendance vis-à-vis de l’étranger ne cesse de croitre, en 2018 on arrive toujours pas a satisfaire nos besoin en blé ? Produit de base pour l’alimentation de la population

Si vraiment le blé dur est à notre portée (on produit 20 millions de qx et on importe  18 millions de qx) qu’est ce qu’on attend alors pour couvrir nos besoins par la production nationale ? On n’a pas encore  atteint l’autosuffisance  pour le produit qui est a notre portée  comment faire alors pour celui qui est hors de notre portée !

Les arguments avancés par les responsables des secteurs pour justifier cette faiblesse des rendements des céréales notamment du blé tendre sont peu convaincants et pas du tout logiques.

Rationaliser la consommation et gaspiller moins, oui …  mais

C’est tout a fait légitime de parler de la rationalisation de la consommation et c’est tout a fait correcte lorsqu’on parle de l’ampleur du gaspillage mais il est également judicieux de voir comment fonctionnent les différents acteurs  autour de cette filière, comment se fait la distribution et comment contrôler les quantités transformées, savoir si toutes les quantités distribuées sont transformées afin d’approvisionner régulièrement le marché, des échos font etat de pratiques malsaines opérées par certains intervenants dans la distribution et la transformation du blé, des quantités de blé tendre se vendent comme aliment de bétail, et du blé importé  mélangé au blé local est livré aux coopératives après les moissons !  Cela laisse supposer que l’office achète ce produit deux fois une fois du fournisseur étranger et une autre fois de l’agriculteur local ?!! Comment classer le gaspillage dans la consommation devant ces pratiques diaboliques qui portent atteinte sérieuse à l’économie nationale.

Il faut dire et redire que la filière céréale n’a pas eu l’importance qu’elle mérite en tant que filière stratégique et son développement est relégué au second plan comparativement aux autres filières, arboriculture, oléiculture, …) qui ont bénéficié de plusieurs programmes de développement. Les céréales présentent un créneau autour duquel se jouent des intérêts interminables mais il est primordial que l’utilité collective l’emportera sur les ‘’ dividendes’’       restreints, c’est hautement utile et hautement stratégique ! 

On doit impérativement  ‘’gagner ‘’ La bataille du blé, produit essentiel de notre alimentation, la population est en ascension fulgurante et la production est en deçà des normes requises !

 

(*) Expert agricole 

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