Ce que dit le ministre de la Défense tunisien sur le risque terroriste dans la région frontalière algéro-tunisienne n’est pas une invention. Des vases communicants existent entre les groupes armés algériens et tunisiens. Même les responsables algériens le disent.
Le ministre de la Défense tunisien, Farhat Horchani, n’a pas bonne presse en Algérie. Il est étrillé, parfois avec des propos insultants, pour avoir prétendument dit que le terrorisme « nous vient de Libye et d’Algérie ».
Les médias algériens, francophones, arabophones, TV et journaux ont, dans une belle unanimité patriotique, tous suivi le journal saoudien Achark-al-awssat qui a titré, de manière lapidaire : « Le ministre de la Défense tunisien : ‘’le terrorisme nous vient de Libye et de Tunisie’’ ».
Le titre est sans nuance. Les journalistes algériens, qui ont sorti leurs plumes pour pourfendre le ministre tunisien, auraient bien fait de lire le contenu de l’article ; cela leur aurait évité d’aller vers des conclusions hâtives et de susciter – c’est la règle – les inévitables vomissements de haine sur les réseaux sociaux.
Quittons donc ce titre trompeur et lisons, dans Achark-al-awsat même, ce qu’a dit le ministre tunisien à un groupe restreint de journalistes étrangers sur les défis sécuritaires de la Tunisie :
« Selon Horchani, la menace sécuritaire à laquelle fait face la Tunisie est de deux types : la première vient du sud-est du pays, de derrière les frontières, et il s’agit du désordre sur le côté libyen de la frontière avec la Tunisie, l’absence de structures de l’Etat libyen et le règne de l’anarchie… La seconde est aussi bien interne qu’externe et se situe dans les régions montagneuses des deux côtés de la frontière algéro-tunisienne. »
Un cas d’école
On est bien dans un cas d’école où le titre, du moins dans son volet algérien, ne correspond absolument pas au contenu de l’article. Une preuve de plus que les journalistes ne doivent pas se contenter de lire un titre et d’armer leurs plumes et de tirer.
Ce que dit le ministre de la Défense tunisien sur le risque terroriste dans la région frontalière algéro-tunisienne n’est pas une invention. Des vases communicants existent entre les groupes armés algériens et tunisiens. Même les responsables algériens le disent.
Le constat du risque terroriste pour les deux pays dans les zones frontalières montagneuses a été déjà établi. Les deux pays coordonnent leurs actions, échangent des informations et mènent aussi, sans le médiatiser, des opérations communes.
Quand le ministre tunisien dit que dans la région frontalière avec l’Algérie la « menace est aussi bien interne qu’externe », il fait un constat, il ne juge pas. Il n’accuse pas l’Algérie. Mais si on se contente de lire le titre d’Acharq-al-awssat…