Selon Ali Kahlane, les responsables en charge du dossier de la 3G sont « avant tout des bureaucrates en train de gérer une technologie aussi rapide ». Le fait de différer le lancement de la 3G de décembre à janvier faute de décret signé, a montré l’état d’affolement dans lequel se sont retrouvés les responsables du secteur.
Alors que les habitués des TIC et les experts ont perdu l’habitude de recevoir des communiqués du gendarme des TIC en Algérie, en l’occurrence l’Autorité de régulation de la poste et des technologies (ARPT), l’instance présidée par Mohamed Toufik Bessaï a fini par « déroger » une obligation légale en rendant publics, hier lundi, le nombre des abonnés à l’internet en Algérie et les abonnés à la technologie 3G un an après son lancement. Les chiffres qui y sont contenus ont surpris plus d’un, notamment Ali Kahlane expert en TIC et directeur du fournisseur d’Internet Satlinker. « Je suis très étonné de voir ces chiffres surtout que cela fait longtemps que nous en avons a pas eus autant », s’exclame d’emblée M. Kahlane lors de son passage, ce mardi, au Direct de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent. Il rappelle que c’est une obligation légale que l’ARPT communique, étant donné que c’est une de ses missions principales. Ce qui n’a toujours pas été le cas. Le dernier rapport trimestriel de l’ARPT sur les indicateurs des TIC en Algérie remonte ainsi à 2006. Et le dernier rapport annuel date de 2012. La communication de l’ARPT est motivée par la nécessité de publier les chiffres avant la fin de l’année, soit au premier anniversaire du lancement de la 3G. « A voir la façon avec laquelle ont été communiqués les chiffres et la forme, je pense que ça a été pris à la légère et ça a été fait un peu trop rapidement : l’ARPT ne s’est pas basée sur des sources autonomes d’évaluation et agrégé les chiffres des opérateurs », a ainsi commenté M. Kahlane pour qui « même que les opérateurs qui ont communiqué ces chiffres, l’ont fait sous la pression et sans avoir réellement préparé les chiffres dans le format dont ils devaient être communiqués par l’ARPT. D’où le fait qu’on trouve des redites et des pourcentages qui ne veulent rien dire ». Selon l’invité de Radio M, l’ARPT a aussi commis un amalgame en confondant le GSM et la 3G, et ce dans la mesure « où l’on ignore si le nombre des abonnés de la 3G sont nouveaux réellement ou bien ce sont les anciens du GSM qui ont glissé vers la 3G », relève Ali Kahlane. Autant d’amalgames que le rapport de l’instance de M. Bessaï ne précise pas.
Extraits vidéo : http://bit.ly/13HK1ME
Erreur de prévision
L’ARPT a annoncé près de 9 millions d’abonnés à la 3G, pas de quoi impressionner le spécialiste TIC qu’est Ali Kahlane qui n’en retient que le chiffre en attendant, dit-il, d’en voir la structure. Le président de Satlinker est persuadé que le lancement de la 3G a été une réussite sur le plan du nombre, démentant complètement toutes les prévisions institutionnelles lesquelles se projetaient sur un chiffre de 4 à 5 millions mais sur une durée de 5 années. « M. Bessaï justifiait l’année dernière le fait qu’on n’ait pas lancé la 3G, sur l’ensemble du pays en disant que son lancement sur plusieurs wilayas allait prendre 3 à 4 ans, tout simplement parce que nous n’avons pas le temps pour le faire, et surtout parce que l’Algérien n’a pas cet engouement pour aller vers la 3G », a rappelé à ce titre M. Kahlane. Cette erreur dans la prévision vient, selon lui, du fait qu’on n’ait pas pris au sérieux le lancement de la 3G, de même qu’on n’a jamais vu de manière sérieuse l’écosystème du mobile et de l’internet combinés. « Cela a plutôt été pris à la légère, commente M. Kahlane, qui rappelle que les responsables en charge du dossier de la 3G sont « avant tout des bureaucrates en train de gérer une technologie aussi rapide ». Le fait de différer le lancement de la 3G de décembre à janvier faute de décret signé, a montré l’état d’affolement dans lequel se sont retrouvés les responsables du secteur. Avant que la levée de boucliers qui s’en est suivie, notamment de la part des professionnels du monde des technologies nouvelles, ne fasse que la 3G soit lancée le mois de décembre. L’obligation de la double numérotation-abandonnée en cours de route- a particulièrement gêné un des opérateurs en l’occurrence Mobilis, selon Ali Kahlane, même si ce ne fut pas l’opérateur qui en a le plus protesté surtout que le report du lancement l’arrangeait quelque peu. Pour corriger le tir, les pouvoirs publics ont tout bonnement décidé de faire ralentir l’autre concurrent, Ooredoo en l’occurrence, révèle-t-il.
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