Outre des objectifs en terme d’abonnés à Internet, à la téléphonie mobile et fixe, le gouvernement marocain veut, à travers la « Note d’orientations générales », renforcer le chiffre d’affaires du secteur des télécommunications à l’horizon 2018.
La « Note d’orientations générales (NOG) pour la poursuite du développement du secteur des télécommunications à horizon 2018 », adoptée récemment par le gouvernement marocain de Abdel-Ilah Benkiran, veut endiguer la baisse du chiffre d’affaires du secteur. Un objectif qui n’a pas été atteint lors de la précédente NOG adoptée il y a 5 ans.
« Cinq années après la publication de la dernière note, force est de constater que grâce aux actions conjuguées de tous les acteurs concernés, les principaux objectifs chiffrés fixés ont été atteints, voire dépassés, à l’exception de celui concernant la croissance du chiffre d’affaires du secteur », constate le gouvernement marocain.
La baisse des revenus est conséquente de la celle des prix des services de l’Internet et de la téléphonie (fixes et mobiles). La baisse des prix, qui « a atteint près de 75% », a eu « un impact important sur le chiffre d’affaires des opérateurs », qui a baissé « de près de 4 milliards de dirhams s’établissant à près de 33 milliards DH, et ce, malgré une croissance exponentielle de l’usage, notamment voix mobile, qui est passé de 10 milliards de minutes, fin 2009, à 47 milliards de minutes fin 2014 », constate le gouvernement marocain. La croissance de l’usage n’a donc « pas permis de compenser la très forte baisse des prix ».
Forte hausse de l’usage des applications OTT
En termes de « perspectives de développement du secteur », la NOG 2018 estime que compte tenu des « volumes de plus en plus croissants » de la demande de données, « les acteurs du marché devront déployer de nouvelles infrastructures principalement fixes à base de fibres optiques ». Alors que la « tendance vers les nouvelles technologies mobiles devra s’accompagner, au vu de la lourdeur des investissements requis, par une monétisation des services de données, principal levier permettant au secteur de repartir dans un cycle vertueux avec une croissance positive ».
Le document s’inquiète du « recours de plus en plus important aux applications de type OTT » (Over the Top : Viber…) qui « risque » d’impacter « durablement les revenus des opérateurs et affaiblissant, de ce fait, leurs capacités d’investissements ».
Globalement, le document estime que l’explosion de la consommation de la data impose une réflexion profonde sur un nouveau cadre de régulation pouvant apporter les garanties nécessaires aux consommateurs en termes de qualité des services offerts, tout en permettant aux acteurs du marché de rentabiliser leurs nouveaux investissements ».
Orientations générales pour 2018
Les orientations générales du gouvernement marocain pour le développement du secteur des télécommunications comprennent plusieurs leviers. Il s’agit, lit-on dans le document, de « l’encouragement de l’investissement et la consolidation du marché autour d’opérateurs globaux, ayant la capacité d’intervenir sur tous les segments du marché (fixe, mobile, data, pour les particuliers et les entreprises) », mais aussi « la mutualisation des infrastructures, particulièrement dans les zones les moins denses » pour faire parvenir les services de téléphonie et de l’Internet « à la grande majorité de la population ».
Il s’agit aussi d’accélérer les projets « visant la généralisation de l’accès à Internet haut et très haut débit », et d’activer des « leviers de régulation permettant l’ouverture effective à la concurrence de certains segments du marché des télécommunications ». Le tout pour atteindre : « un chiffre d’affaire de l’ordre de 34 milliards de DH, un parc d’abonnés fixes filaires de 2 millions, un parc mobile de plus de 50 millions d’abonnés et plus de 22 millions d’abonnés Internet (fixes et mobiles) ».
Avant fin 2015, le gouvernement prévoit la révision du cadre législatif et réglementaire pour « une mise en œuvre effective et réussie du partage des infrastructures ». En d’autres termes, le dégroupage rencontre quelques difficultés dans son application, et cela passe par une révision de la législation.
Le partage des infrastructures, une nécessité
Pour réduire les coûts et accélérer la mise en œuvre du très haut débit, notamment depuis l’accord des licences de la 4G, le Maroc encourage les opérateurs à aller vers un partage des infrastructures. Il est même prévu, pour encourager cette démarche, de lancer « une réflexion sur des modèles industriels pouvant favoriser le partage, le co-investissement ou la création d’entités de gestion et d’exploitation des infrastructures à partager », en concertation entre le régulateur (ANRT) et les « acteurs concernés ».
Aussi la NOG pour 2018 prévoit une « plus de transparence et de communication au sujet du service de la portabilité des numéros » de la part des opérateurs. Il sera procédé à « la mise en place de la base de données centralisée de la portabilité, soit de concert entre les opérateurs globaux, soit à travers un prestataire externe désigné par l’ANRT ».
Les opérateurs seront également tenus, dans le cadre de « l’amélioration des qualités des réseaux et services de télécommunications » de « dérouler des plans d’actions opérationnels, avec des obligations de moyens et de résultats » en particulier concernant les « services Data ».