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Maroc

Maroc – Une meilleure performance économique en 2013, selon Oxford Business Group

Par Maghreb Émergent
7 février 2014
Maroc – Une meilleure performance économique en 2013, selon Oxford Business Group

Mohamed Boussaid

En dépit de difficultés, la performance économique du Maroc s’est considérablement améliorée en 2013, écrit Oxford Business Group, avec une croissance du PIB de 5%.

 Si la demande européenne est demeurée faible, le dynamisme de la production agricole et des investissements directs en provenance de l’étranger ainsi que les mesures de diversification des marchés à l’export et de rééquilibrage du budget ont permis au pays d’augmenter son PIB de 5 %. Les indicateurs financiers des dernières années se sont dégradés à mesure que le déficit commercial s’est creusé. Dans sa recherche de revenus, le gouvernement s’est alors tourné vers l’extérieur et les marchés obligataires. Mais le budget prévu pour 2014 fait la part belle aux investissements en construction d’infrastructures et de logements. Si l’on ajoute à ceci la bonne santé du secteur industriel, le Maroc devrait renouer cette année avec une croissance solide se chiffrant entre 2.5 % selon les autorités du pays et 4 % selon les estimations du FMI.

Un endettement enlevé mais soutenable

Selon le rapport d’évaluation publié par le FMI en décembre, l’endettement du pays demeure soutenable bien qu’élevé et le déficit budgétaire devrait être endigué grâce aux mesures prises par le gouvernement pour mettre un frein à ses dépenses. Réduction des salaires, réforme du régime de retraites sous-financé, et refonte des subventions à l’alimentation et au carburant qui ont pesé sur le budget 2013 à hauteur de 42 milliards de dirhams (3.73 milliards d’euros) : autant de mesures témoignant d’une volonté d’assainissement budgétaire.
En place et lieu du système actuel de subventions généralisées, le gouvernement optera pour un mécanisme ciblant plus efficacement les couches les plus défavorisées de la société, même si certains retards dans la mise en place de ce système sont à déplorer. En effet, la baisse des subventions de l’essence avait divisé la coalition au pouvoir et donné lieu à un remaniement ministériel en octobre. Mais les progrès se font sentir, et le budget 2014 vise à une réduction du déficit annuel de 5.5 % du PIB en 2013 à 4.9 % en 2014.
Malgré ce redéploiement, le Haut-Commissariat au plan (agence gouvernementale en charge de la planification économique) estime qu’en 2014 il faudra avoir recours à des sources extérieures pour financer l’équivalent de 7.4 % du PIB. Grâce à l’accord signé avec la Banque mondiale en décembre, le Maroc bénéficiera de prêts à hauteur de 4 milliards de dollars (2.9 milliards d’euros) pour financer les projets publics en énergie et infrastructures, à raison d’une enveloppe annuelle pouvant aller jusqu’à 1 milliard de dollars (732 millions d’euros) entre 2014 et 2017. A titre de comparaison, pour la période 2011-2013 les prêts s’étaient élevés à 600 millions de dollars (439 millions d’euros). C’est donc un véritable témoignage de confiance envers le programme de réforme économique du Maroc.
Le gouvernement cherche également à donner une nouvelle impulsion à l’économie et aux finances publiques par le biais du marché international de la dette. Selon des rapports datant de novembre dernier, le Maroc pourrait se défaire prochainement d’euro-obligations à hauteur d’un milliard d’euros, devenant ainsi le deuxième plus grand émetteur d’euro-obligations souveraines en Afrique. En mai dernier, le Maroc a levé 750 millions de dollars (549 millions d’euros) par le biais d’une opération d’émission de titres de créance. Les obligations ont été accueillies favorablement tout au long de l’année, les acteurs du marché ayant regagné en confiance au vu du contingentement des subventions.
Alors que la crise de la zone euro et l’accentuation des déficits publics ont affecté les liquidités disponibles, les banques marocaines se sont elles aussi tournées vers les marchés des capitaux. Les trois plus grandes banques, Attijariwafa Bank, Banque centrale populaire et BMCE Bank ont toutes annoncé leurs projets de levée de fonds à l’étranger en 2013. La première fut BMCE Bank, avec une émission fin novembre de 300 millions de dollars (220 millions d’euros) sur cinq ans à un taux de 6.5 %. Le même mois, Attijariwafa s’est assuré du soutien de son assemblée générale pour une opération d’émission d’obligations susceptible d’atteindre un milliard de dollars (732 millions d’euros) sur le marché national ou international selon un rapport de Reuters. Mais pour l’instant aucune date n’a été annoncée.

11,3 milliards d’euros pour l’investissement

Si le gouvernement travaille à l’assainissement de ses comptes, il n’en oublie pas pour autant la croissance à long terme. Le budget 2014 consacrera 126.7 milliards de dirhams (11.3 milliards d’euros) à l’investissement, soit une hausse de 4.6 % en glissement annuel. Les grandes entreprises publiques se tailleront la part du lion, notamment les agences routière, ferroviaire et portuaire du Maroc. Al Omrane, l’opérateur spécialisé de l’Etat dans le secteur de l’habitat et l’aménagement, prévoit de lancer plus de 156 000 chantiers en 2014, parmi lesquels figureront des projets de logements et de constructions urbaines. A ceux-ci viendront s’ajouter 23 000 chantiers réalisés en partenariat avec le privé. Quant à l’Office national de l’électricité et de l’eau, il prévoit de consacrer 7 milliards de dirhams (622 millions d’euros) à l’amélioration de la capacité de production électrique du pays.
De fait, le secteur de l’énergie devrait particulièrement concentrer les investissements tant marocains qu’étrangers en 2014. Plusieurs projets de développement de l’infrastructure d’énergie solaire et éolienne sont en cours d’élaboration. Le potentiel pétrolier offshore du Maroc n’est pas en reste non plus, puisqu’il suscite un intérêt grandissant. Les réserves estimées sont modestes et bien inférieures à celles de l’Algérie voisine, mais les compagnies pétrolières indépendantes, de petite et grande envergure, ont acquis des licences pour un certain nombre de concessions pétrolières au cours des 18 mois. D’ailleurs, les dernières découvertes de producteurs alternatifs partout ailleurs en Afrique expliquent en partie cette évolution.

Des investissements pour l’exploration hydrocarbures

Les missions exploratoires au Maroc sont pour l’instant limitées, mais les exploitants commencent déjà à accélérer le rythme. Jusqu’à 10 puits devraient être forés d’ici au début du 2e semestre 2015, soit près du double des forages réalisés au cours des 20 dernières années. Selon un rapport de Reuters, les investissements ainsi engagés pourraient s’élever entre 500 millions et 1 milliard de dollars (366 à 732 millions d’euros). De telles sommes représenteraient un bond significatif pour une région qui reste pour l’instant relativement inexplorée. On relèvera également une montée en puissance des investissements étatiques dans les énergies renouvelables en accord avec le plan national d’augmentation des capacités de production d’énergie solaire et éolienne, l’objectif étant d’atteindre les 4 GW d’ici à 2020. Dans le cadre du programme d’énergie solaire, lancé par l’état en 2009, cinq grandes centrales solaires seront construites dans tout le pays. En 2013, les travaux ont commencé pour la première de ces installations, une centrale d’une capacité de 160 MW à Ouarzazate. Le contrat avait été remporté par un consortium mené par ACWA Power International, une entreprise d’Arabie Saoudite. La MASEN a lancé un nouvel appel d’offres fin 2013 pour deux centrales solaires supplémentaires, qui à elles deux ajouteront 300 MW au complexe d’Ouarzazate. Fin octobre, le Maroc a d’ailleurs obtenu un emprunt de 654 millions d’euros de la banque d’Etat allemande KfW en soutien à ces deux projets. En 2014, les projets de développement des infrastructures nationales et des capacités de production électrique contribueront à l’essor d’un certain nombre d’industries et de l’économie en général. Reste encore quelques défis à surmonter, notamment liés à la croissance atone en Europe et à la réforme des subventions, mais les initiatives en cours constituent une base solide à la future croissance.

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