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Pourquoi il est difficile pour l’Algérie de garantir sa sécurité énergétique

Par Nabil Mansouri
juin 14, 2021
Pourquoi il est difficile pour l’Algérie de garantir sa sécurité énergétique

L’Algérie génère 98% de ses revenus des exportations des hydrocarbures et assure 99% de sa production électrique à partir du gaz naturel. Ce qui l’oblige à garantir sa sécurité énergétique qui pourrait être menacée par une baisse de production hydrocarbure d’ici 2030.

A cet effet, il serait urgent d’engager des réformes structurelles profondes dans le secteur énergétique, en se basant sur une nouvelle vision du modèle de production et d’utilisation des ressources énergétique en Algérie. Une stratégie qui reposerait sur le potentiel fort et renouvelable de nos ressources, sans exclure le non-conventionnel, le nucléaire et l’ensemble du bouquet énergétique du pays. 

Dans ce contexte d’urgence, nombre d’experts du secteur de l’énergie lancent un cri d’alerte pour se précipiter vers l’exploitation des ressources non conventionnelles, en attendant la concrétisation des programmes de la transition énergétique vers le renouvelable.

L’ancien cadre dirigeant de Sonatrach, Ali Hached, qui était l’invité du Direct sur Radio M. le 7 juin dernier, a mis en garde les autorités publiques contre la menace d’une baisse de production d’hydrocarbure. Une situation que, si ne sera pas résolue d’ici 2030, « l’Algérie n’aura pas assez de gaz pour produire son électricité ».

Faut-il regarder de plus près le non conventionnel ?

Pour l’économiste et expert énergétique, Mustapha Mékideche, la a situation de nos réserves en hydrocarbures est « préoccupante». Dans un entretien accordé à Maghreb Emergent, l’expert nous explique qu’avec une production d’hydrocarbure qui a commencé à décliner, déjà en 2007, la situation semble complètement préoccupante, notamment avec le gaspillage remarquable de la consommation énergétique nationale.

Mekideche prévient, dans ses propos, que la baisse de la production d’hydrocarbure, liquide ou gazeuse, va mettre l’Algérie face à un choix difficile. Celui d’alimenter nos besoins nationaux en matière d’énergie fossile, ou exporter vers l’étranger pour assurer nos revenus.

Ainsi, des experts optent pour l’exploitation des réserves non conventionnelles, du moment que l’Algérie détient les troisièmes réserves mondiales de gaz de schiste, techniquement récupérables, selon un rapport du CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et l’investissement) publié en mai 2018.

L’AIE (Agence internationale de l’énergie), a estimé que la production de gaz de schiste en Algérie, devrait représenter le tiers de la production totale de gaz du pays en 2040.

Mais le débat sur l’exploitation de cette ressource reste timide mais toujours d’actualité. Le ministre de la Transition énergétique, Chems Eddine Chitour estime qu’il faut prendre « avec beaucoup de prudence » les données sur les réserves de gaz de schiste en Algérie. Il a affiché son opposition au développement de projets liés au gaz de schiste dans le sud de l’Algérie, en raison des risques de pollution sur le plan écologique et environnemental.

Une position contraire à celle du président, Abdelmadjid Tebboune, qui avait affirmé que l’exploitation du non conventionnel fera gagner énormément le pays sur le plan économique.

Pour les experts qui sont favorables à cette solution, Sonatrach est en mesure d’assurer techniquement l’exploitation du gaz de schiste. L’ancien vice-président commercialisation au sein de Sonatrach, Ali Hached, estime qu’ « on n’a pas bien communiqué ». Aussi, « il y a eu des manipulations de part et d’autres pour aggraver la situation ».

Selon lui, on doit convaincre la population de Ain Salah qu’elle ne risque rien en matière de pollution des eaux, que c’est un potentiel extraordinaire d’emplois. Il estime que la population du sud a le droit de profiter de cette ressource qui est dans leur territoire. « Ils ont le droit de profiter des retombés de cette richesse de la région. Il faut aller chercher les ressources là où elles le sont. Il y a toujours un risque, mais il est maitrisé », a-t-il souligné.

Le nucléaire, une option en stand-by   

L’Algérie a toujours eu l’ambition de produire, dans l’avenir, de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire. Avec quatre centres de recherche nucléaire et un stock d’uranium de 26 000 tonnes, elle  aspire à concrétiser cet objectif.

En 2014, l’Algérie avait signé avec la Russie, à l’époque du ministre de l’Energie Youssef Yousfi, un partenariat dans le domaine de l’énergie nucléaire civile, portant sur la construction, l’entretien de réacteurs, la gestion de déchets nucléaires, ainsi que l’exploitation d’uranium ou la fabrication de combustible.

Ainsi, l’Algérie espérait pouvoir construire en 2025 un réacteur à eau pressurisé de type VVER, le premier du genre dans le pays et toute la région du continent. Une stratégie qui entrait dans le cadre du recours à l’énergie atomique et dont l’objectif est de diversifier le bouquet énergétique de l’Algérie, afin de limiter le recours aux hydrocarbures pour produire de l’électricité.

L’invité de Radio M, Ali Hached, avait signalé à ce sujet, que l’Algérie n’a pas de raison pour ne pas aller vers l’exploitation de l’énergie de source nucléaire. « Pourquoi s’interdire d’y aller ? La Chine, qui est une puissance mondiale, produit à hauteur de 130 gigawatts en nucléaire ! », a-t-il martelé.

Pour lui, même la problématique du stockage des déchets, en cas de l’exploitation de l’énergie nucléaire, n’est pas un souci majeur, « en raison de l’immensité de la superficie de l’Algérie ». Un avis, qui n’est pas forcément partagé par les défenseurs de l’énergie verte.

Mais, on a souvent parlé de production d’énergie à partir du nucléaire, depuis des années, nous dit le directeur général du Cluster Energie Solaire, Boukhalfa Yaïci, dans un entretien avec notre rédaction. « Seulement, aucune action n’a été mise en œuvre à ce jour. « On se réunie, on discute mais rien n’est mis en œuvre », a-t-il estimé. Ce qui nous pousse à croire que l’exploitation du nucléaire en Algérie, est une option qui a beaucoup de chemin avant qu’elle soit concrétisée sur le terrain.

Les énergies renouvelables et le surplace qui dure !

Mais dans ce contexte de sécurité énergétique, la tendance mondiale se penche du côté des énergies renouvelables. Une démarche déjà adoptée par l’Algérie depuis 2011, avec l’ambition d’installer une puissance de 22 000 Mégawatts à l’horizon 2030.

Un programme qui semble avoir été décidé à la hâte, vu son adoption prématurée et non rentable. Ce qui a poussé les autorités à le reporter à plus tard, en attendant que l’évolution des technologies et la réduction des coûts lui permettent de franchir le seuil de rentabilité.

En 2015, le programme a été modifié de fond en comble avec prédominance du photovoltaïque (PV). Mais le nouveau programme a aussi trouvé des difficultés à démarrer, en raison des mêmes insuffisances. En  2016, le projet a été promu au rang de priorité nationale. Mais malgré ça, seul  364,3 MW ont été réalisés, soit 1.7% des 22 000 MW programmés.

Ainsi, de 2011 à 2020, le programme national des EnRs a été réduis de 22 000 MW, à 15 000 MW, en terminant à seulement 1000 MW.

Malgré ce statut de surplace, les défenseures  de l’énergie verte restent optimistes sur l’avenir de cette ressource inépuisable de l’Algérie.

Pour Boukhalfa Yaïci, Directeur Général du Cluster énergie Solaire, il y a des étapes qui ont été initiées depuis un an et demi, notamment dans les actions du gouvernement.  « Le programme du gouvernement sur les EnR de février 2020,  la création du ministère de la Transition énergétique en juin 2020, et la décision du Président de la république de mettre en place le programme de production de 1000 MW, sont des jalons qui indiquent la tendance sur laquelle le pays est en train de se diriger », a-t-il expliqué à Maghreb Emergent.

Selon lui, le déploiement du programme des 1000 MW, attendue au cours des prochaines semaines, déterminera si les choses sont en train d’évoluer ou demeurent toujours en stand-by.

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