Dans un contexte de hausse des prix du pétrole et des recettes en devises, l’Algérie relance le fameux projet d’exploitation de la mine de fer de Gara Djebilet. Le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab, se déplace, aujourd’hui, à Tindouf, afin de procéder « à l’ouverture de la mine de fer de Gara Djebilet », a indiqué un communiqué du ministère.
La guerre en Ukraine se révèle telle une aubaine pour le budget de l’Etat qui semble respirer après plusieurs années de tension, née d’un retournement de situation spectaculaire sur le marché pétrolier durant l’été 2014. Cette conjoncture de hausse des cours de pétrole sur le marché mondial semble redonner goût au gouvernement pour la relance des mégaprojets et de l’investissement budgétaire, pénalisé par les tensions financières de ces dernières années.
Energies renouvelables, mines, infrastructures portuaires…les projets foisonnent, relançant de plus belle la question de leur financement et de la capacité de la place bancaire locale à y contribuer. Le projet minier Gara Djebilet nécessite, à lui seul, un financement conséquent, à raison d’un milliard à 1,5 milliard de dollars par an sur une période allant de 8 à 10 ans.
Le pays compte lancer également plusieurs projets tout aussi gigantesques, dont le Projet du phosphate intégré pour un coût prévisionnel de 6 à 7 milliards de dollars, Sollar1000, nécessitant un financement d’un milliard de dollars, le Port du Centre (Cherchell) qui nécessiterait un montant de 5 à 6 milliards de dollars. L’on s’interroge dès lors sur la capacité du marché bancaire local à mobiliser de tels montants en devises, dont le retour sur investissement ne se ferait que sur le moyen et long termes.
Retour au financement extérieur
Le recours au financement extérieur s’annonce comme inévitable, d’autant plus qu’il s’agit de projets stratégiques et structurants pour lesquels la banque centrale avait fait sauter le verrou du financement extérieur.
Mohamed Achir, économiste et enseignant-chercheur, estime que les crédits syndiqués est la formule appropriée pour le financement des grands projets, d’autant plus qu’en vertu de la loi de finances 2020, les projets stratégiques et structurants pour l’économie nationale sont éligibles aux financements extérieurs auprès d’institutions financières internationales de développement. « Les banques de la place locale peuvent s’associer à d’autres institutions de financement à l’international dans le cadre de crédits syndiqués afin de mobiliser les fonds nécessaires à ces investissements », estime Mohamed Achir, contacté par Maghreb Emergent.
Selon lui, « il y a des règles prudentielles qu’il faut respecter ; les banques ne doivent pas prendre des risques excessifs dans le financement des grands projets. Ce pourquoi, l’option de crédits syndiqués peut être la solution. C’est comme dans l’assurance, les compagnies sollicitent des organismes de réassurance pour la couverture des grands risques ».
Face à cette opportunité que représente le lancement des grands projets d’équipement, de mines et d’énergie renouvelable, les banques ne peuvent pas rester insensibles, même si les crédits de long terme ont connu une certaine stagnation, voire une baisse, en raison de la détérioration ces dernières années du portefeuille de certains établissements.
Ali. T