Pour son premier anniversaire, le CPP s’offre un menu indigeste (audio-vidéo) - Maghreb Emergent

Pour son premier anniversaire, le CPP s’offre un menu indigeste (audio-vidéo)

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Sérieuses divergences au CPP : le destin de Amar Saadani est-il de jouer au sniper au profit d’un clan du pouvoir, ou de gâcher les débats du Café Presse Politique de Radio M.

Le CPP a fêté son premier anniversaire d’une drôle de façon. Le Café Presse Présidentielle, devenu Café Presse Politique de Radio M, lancé il y a un an, a été contraint à un menu difficile, avec Amar Saadani comme entrée, Bouteflika et Beji Caïd Essebsi en plat de résistance, et Abdelaziz Mokri comme garniture. Les tentatives désespérées de El Kadi Ihsane pour introduire un zeste de CAN n’ont rien donné.

Souhila Benali, l’animatrice de l’émission, a été contrainte de subir ce menu indigeste, mais elle en est un peu responsable, dès lors qu’elle a introduit l’émission en rappelant que le démarrage du CPP a coïncidé avec la célèbre attaque de Amar Saadani  contre le patron du DRS, Toufik Mediène, trois mois avant la présidentielle d’avril 2014. El Kadi Ihsane a estimé que cette déclaration de Saadani a “démonté la construction” jusqu’alors en vigueur dans la désignation du président de la République, une construction selon laquelle “c’est l’armée qui décide, et dans l’armée, c’est le DRS qui décide”. Jusque-là, “les services désignaient le président. Ce n’est plus le cas”, a-t-il conclu.

Abed Charef a rappelé que l’armée désignait traditionnellement les présidents, jusqu’aux années 1990, quand le DRS est passé en première ligne pour contrer le terrorisme et s’arroger le droit de désigner les présidents. Avec la fin du terrorisme, les choses reviennent à la normale, avec un simple changement de sous-direction. Ce qui montre que “sur le fond, le système politique algérien n’a pas changé”.

Saadani, la voix de quel clan ?

Pour Khaled Drareni, Saadani a été “mandaté pour critiquer le patron du DRS”. Il y a un an, “personne ne donnait cher de la peau” de Saadani, mais “il continue à parler au nom du gouvernement”. Ce qui, pour Hassan Ouali, signifie qu’au bout de quinze années de présidence, “le clan Bouteflika a réussi à changer les équilibres du pouvoir pour imposer ses vues”. Pour Saïd Djaafar, par contre, Amar Saadani avait été le révélateur “d’une absence de consensus” sur le successeur du président Bouteflika. “Personne ne pouvait imposer son choix”, d’où le recours “au maintien du statuquo”. Mais personne ne crédite Saadani d’un vrai pouvoir, la question étant de savoir ce qu’il exprime réellement.

Le ratage du 17 avril a empêché le changement. Les projets actuels de conférences et de congrès pour organiser la transition peuvent-ils apporter du nouveau ? Au CPP, le pessimisme est de mise, même si les lectures divergent. El Kadi Ihsane pense qu’en acceptant de participer à la conférence prônée par le FFS, Amar Saadani montre que le pouvoir accepte de remettre en jeu la légitimité du 17 avril, alors que jusque-là, le pouvoir refusait d’en entendre parler. Abed Charef estime plutôt que le FFS considère inutile de reparler du 17 avril. “Ce qui importe au FFS, c’est l’après-Bouteflika. Et à travers Saadani, le FFS parle à ceux qui vont gérer le pays dans les quinze prochaines années, après le départ du président Bouteflika”. Quant à Hassan Ouali, il estime que le discours du FFS s’adresse à la société. Pour lui, le FFS veut lancer une “alerte” sur la situation du pays.

Ali Haddad, le nouveau pouvoir pointe le nez

Inévitablement, s’est imposée l’initiative de Abderrezak Mokri, en vue de lancer de nouvelles consultations. S’agit-il d’une réponse à une aile du parti, hostile au positionnement radical du MSP? Ou bien est-ce une volonté de parasiter la conférence du FFS ? Saïd Djaafar reconnait qu’il fait « décrypter » la démarche de M. Makri. Les acteurs politiques « affichent une volonté de discuter, mais le pouvoir ne montre aucun signe de bonne volonté ». Ce qui bloque toute idée de transition.

Une transition en cours précisément, mais de manière discrète, sur d’autres plans. Avec, par exemple, le poids politique de plus en plus pesant que prend l’homme d’affaires Ali Haddad, patron du Forum des chefs d’entreprises (FCE). Hassan Ouali a raconté la rencontre de M. Ali Haddad avec des diplomates devant rejoindre leur poste, pour leur donner “un cours de diplomatique économique”. Ceux-ci “écoutaient comme de bons élèves et prenaient des notes”. “A la fin de la conférence, les ambassadeurs se bousculaient pour serrer la main de Ali Haddad”. Khaled Drareni trouve cela “choquant”, la tradition voulant que l’ambassadeur ne rende compte qu’au président de la république et au ministre des affaires étrangères.

La nature ne peut supporter le vide

Abed Charef estime que le pouvoir “n’étant pas exercé par son titulaire légal, le président de la république, d’autres l’exercent à sa place”. Dans cette course, Ali Haddad s’empare d’un pan de pouvoir, du moment que “le pouvoir est exercé dans l’informel”. Il regrette que les détenteurs d’argent aient une représentation efficace, alors que les travailleurs et les pauvres sont mal représentés. Pour Saïd Djaafar, “Ali Haddad est en train d’incarner les forces de l’argent qui sont en train de monter”. “La transition est en train de se faire à ce niveau-là”, ajoute-t-il.

Une autre transition, plutôt réussie celle-là, se déroule en Tunisie, dont le président, Béji Caïd Essebsi, effectue une visite en Algérie, au lendemain de la formation d’un gouvernement qui a “tout l’air d’être un gouvernement d’unité nationale”. Le CPP a commenté favorablement cette idée, qui “permet au gouvernement tunisien de se doter d’une base assez large pour gérer un pays toujours en transition”, selon Saïd Djaafar. Même accueil favorable concernant le choix d’Alger pour la première visite à l’étranger de Béji Caïd Essebsi, même si Khaled Drareni rappelle que MM. Bouteflika et Essebsi totalisent, à eux deux, 166 ans.

Extraits vidéo : http://bit.ly/1Ih7DdZ

 

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