Que faire lorsque l’Algérie ne pourra plus exporter d’hydrocarbures? Cri d’alarme des experts - Maghreb Emergent

Que faire lorsque l’Algérie ne pourra plus exporter d’hydrocarbures? Cri d’alarme des experts

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Beaucoup d’experts contestent le bien-fondé de l’optimisme officiel quant à la capacité de l’Algérie à maintenir à son niveau, voire augmenter sa production pétro-gazière. Pour eux, les gisements à découvrir ne seront jamais comparables à Hassi Messaoud ou Hassi R’mel. Certains préconisent une exploitation immédiate des gaz de schiste et balaient d’un revers de mains les craintes de ses dangers pour l’environnement.

 

 

« Même si la date du peak oil algérien (pic pétrolier) est difficile à préciser, son évidence est là », a déclaré Sid Ahmed Baghdadli, ancien cadre du secteur du pétrole, à l’ouverture, samedi à Alger, du Forum sur le développement économique et la transition énergétique organisé à l’initiative de l’Association des ingénieurs d’Etat diplômés de l’institut algérien de pétrole (AIED-IAP). Le taux actuel de déplétion est de 3% pour les réserves utiles et de 5% pour les réserves prouvées, a-t-il encore précisé.

Pour M. Baghdadli, l’évolution des réserves d’hydrocarbures de l’Algérie est passée par deux cycles de découvertes. Le premier comprend Hassi Messaoud et Hassi R’mel et le second, venu tardivement, c’est-à-dire dans les années 1990, comprend notamment le gisement de Hassi Berkine. S’agissant de l’évolution de la production, a-t-il ajouté dans son exposé, elle a connu entre 2005 et 2007 un pic de 2 millions de barils/jour avant d’amorcer, dès 2008, une courbe décroissante jusqu’en 2012. Pour le gaz, a-t-il expliqué, après un pic de 90 milliards de M3 au milieu des années 2000, la production a dû décroître vertigineusement ces dernières années.

Sid Ahmed Baghdadli a souligné que les Etats-Unis, producteur historiques d’hydrocarbures, ainsi que le Royaume-Uni, ont connu un pic de production pétrolière. Cet expert s’est alarmé du fait que les gisements découverts ou à découvrir sont et seront de plus en plus petits. Il a ajouté que la moitié des réserves prouvées a déjà été produite. Et pour contredire les déclarations rassurantes émanant des responsables algériens, il a affirmé que même si les réserves sont importantes (2.800 à 6.000 milliards de m3 de gaz, et 3 milliards de tonnes de pétrole), le pays ne connaîtra pas d’autres gisements comparables à Hassi Messaoud ou Hassi R’mel.

 

Grande baisse des exportations d’hydrocarbures dès 2019

 

Un rappel « réaliste » partagé par l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, qui a prévenu qu’à partir de 2019, l’Algérie sera obligée de diminuer ses exportations d’hydrocarbures, surtout que la consommation intérieure ira en augmentant. Même l’exploitation du gaz de schiste ne pourra pas remédier à cette situation, a-t-il prévenu, estimant ce gaz non conventionnel viendra uniquement en appoint pour satisfaire les besoins du marché intérieur.

Pour éviter ce scénario catastrophe, Abdelmadjid Attar a préconisé que l’Algérie se mette à exploiter ses réserves de gaz de schiste que les organismes mondiaux spécialisés classent parmi les plus importantes dans le monde. « On fera toujours des découvertes (d’hydrocarbures), elles seront néanmoins de plus en plus petites. C’est le propre de l’exploration pétrolière », a-t-il averti, soulignant que le pays aura toujours besoin de gaz, non seulement pour les usages domestiques mais aussi pour fabriquer du plastique et d’autres produits dérivés.

Se disant ouvertement favorable à l’exploitation du gaz de schiste, Abdelmadjid Attar a recommandé de s’y mettre immédiatement (entre 25.000 à 140.000 milliards de m3 dorment à 2.300 mètres dans le sous-sol algérien). Il a balayé d’un revers de main les craintes des dangers d’une telle exploitation sur l’environnement. Pour lui ces dangers existent d’autant moins que les surfaces à exploiter sont situées, selon lui, dans des ergs peu favorables à l’installation des êtres humains.

S’inscrivant en faux contre les thèses d’Abdelmadjid Attar et de S. Baghdadli, Ali Hached, conseiller du ministre de l’Energie, a affirmé ne pas croire, lui, à un pic pétrolier algérien. Il s’est dit, par contre, persuadé que l’Algérie est en mesure de « rebondir » et d’augmenter sa production d’hydrocarbures et ses exportations. Il a également démenti ce qu’avait avancé avant lui l’économiste Mustapha Mékidèche selon qui le ministre Youcef Yousfi prévoit un doublement de la production d’hydrocarbures à l’horizon 2025. Il s’agit en fait de l’augmentation des exportations, a-t-il rectifié, l’autre objectif consistant à augmenter de 50% la production de pétrole. 

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