Le Mali a vivement réagi, la nuit dernière, aux sanctions économiques prises, hier dimanche dans la journée, par la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Bamako a ainsi décidé de rappeler ses ambassadeurs accrédités dans les États membres de l’organisation ouest-africaine et a procédé à la fermeture de ses frontières terrestres et aériennes avec ces pays. C’est ce qu’a annoncé Colonel Abdoulaye Maiga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et porte-parole du Gouvernement.
« D’ores et déjà, sur la base de la réciprocité, le Mali décide de rappeler ses ambassadeurs accrédités dans les États membres de la Cédéao et de la fermeture de ses frontières terrestres et aériennes avec les États concernés », a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga, tout en rassurant l’opinion nationale que des dispositions ont été prises pour assurer l’approvisionnement normal du pays par tous les moyens appropriés.
La Cédéao a, en effet, annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre ses pays membres et le Mali et la suspension de toutes les transactions commerciales, à l’exception des produits de consommation essentiels : pharmaceutiques, fournitures et équipements médicaux, ainsi que le matériel pour le contrôle de la Covid-19 et des produits pétroliers et d’électricité.
À ces mesures s’ajoutent le gel des avoirs de la République du Mali dans les Banques Centrales et Commerciales de la Cédéao, la suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la Cédéao (BIDC et BOAD).
Le colonel Abdoulaye Maïga, a déclaré que « le Gouvernement de la République du Mali a appris avec stupéfaction les sanctions économiques et financières prises à l’encontre du Mali à l’issue des sommets extraordinaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao ) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (Uemoa), tenus le 09 janvier 2022 à Accra, en République du Ghana ».
« Ces mesures contrastent avec les efforts fournis par le Gouvernent et sa disponibilité au dialogue en vue de trouver un compromis avec la Cédéao sur le chronogramme des élections au Mali », poursuit le porte-parole du gouvernement malien, avant de condamner énergiquement ces sanctions « illégales et illégitimes » prises par l’Uemoa et la Cédéao , organisations pourtant fondées sur la solidarité et l‘idéal panafricain, curieusement au moment où les Forces Armées Maliennes engrangent des résultats spectaculaires dans la lutte contre le terrorisme, ce qui n’était pas arrivé depuis plus d’une décennie.
« Violation manifeste du traité de l’Uemoa »
S’agissant de l’embargo décidé par les chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Économique Monétaire Ouest-Africaine (Uemoa), applicable à un État souverain, le colonel Abdoulaye Maïga a indiqué qu’il « constitue une violation manifeste du Traité de l’Umoa et des statuts de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest) ».
« En outre, le gel des avoirs d’un État, des entreprises publiques et parapubliques ne saurait être appliqué par la Banque centrale qui reste un organe indépendant auquel chaque État membre a concédé son droit souverain d’émission » a souligné la même source.
Par ailleurs, le Gouvernement dénonce et rejette les décisions de la Cédéao qui, selon lui, ne sont fondées sur aucun texte communautaire.
« Le Gouvernement du Mali regrette que des organisations sous régionales ouest africaines se fassent instrumentaliser par des puissances extra régionales aux desseins inavoués » a-t-il fait savoir avant de souligner que « dans les heures à venir le Gouvernement du Mali prendra toutes les mesures nécessaires en vue de riposter à ces sanctions malencontreuses. Le Gouvernement du Mali déplore le caractère inhumain de ces mesures qui viennent affecter les populations déjà durement éprouvées par la crise sécuritaire et la crise sanitaire, notamment celle de la Covid-19 ».
Le porte-parole du gouvernement a, en outre, invité les populations au calme, à la retenue, à redoubler de vigilance et à rester mobilisées ainsi que les forces de Défense et de sécurité face à toute éventualité de déploiement des forces étrangères contre le Mali.
En outre, le Gouvernement en appelle à la solidarité et à l’accompagnement des pays et institutions amis.
« Au regard des violations répétées des textes, principes et objectifs de ces organisations, le Gouvernement du Mali tirera toutes les conséquences et se réserve le droit de réexaminer sa participation à ces entités » conclut le communiqué.
R.I./Agences