Les experts présents à la 18e rencontre sur l’énergie organisée par l’école Polytechnique se sont accordés sur la nécessité d’aller dès à présent vers une transition énergétique qui repose sur le renouvelable. Réponse de Youcef Yousfi, ministre de l’Energie et des mines : « les ENR coûtent 5 à 6 fois plus cher ».
L’échéance de 2030 est encore une fois rappelée en renfort par les experts présents à la 18e rencontre sur l’énergie, pour inviter les politiques à opérer dès à présent une transition énergétique salutaire pour l’Algérie. Une échéance où se croiseront la courbe ascendante de la consommation interne et celle, descendante, des réserves en hydrocarbures. « Le pic pétrolier a été atteint pour l’Algérie qui doit penser à amorcer une stratégie nationale de transition énergétique vers les énergies renouvelables », a insisté le professeur Chems Eddine Chitour au cours de cet évènement. Selon lui, le modèle énergétique actuel de l’Algérie, qui repose sur l’exploitation et l’exportation des énergies fossiles ne sera plus tenable d’ici quelques années. A partir de 2030, il faut absolument de nouvelles ressources énergétiques et « c’est le renouvelable qui doit remplacer le fossile », a-t-il dit.
Yousfi esquisse une possible augmentation des prix
Cette réflexion n’est pas partagée par le Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, qui a donné une allocution à cette occasion. M.Yousfi, qui est aussi ministre de l’Energie et des mines, estime que l’énergie qui sera produite par le solaire « sera 5 à 6 fois plus chère ». Ce n’est donc pas la priorité de l’Algérie à l’état actuel des choses, d’autant que la consommation domestique de l’énergie a enregistré une croissance considérable ces dernières années. En 2030, la facture de l’énergie atteindra, selon lui les 80 milliards de dollars. Il a toutefois rappelé qu’à cette échéance 30 % des besoins en électricité de l’Algérie, soit l’équivalent de 12.000 MW, seront issus des énergies renouvelables. Selon lui, le chantier prioritaire de la transition énergétique de l’Algérie est axé sur l’économie d’énergie. Il a esquissé, dans ce sens, une possible orientation vers une éventuelle augmentation du prix de l’énergie, tout en tenant compte du pouvoir d’achat des Algériens. Sur cette question, l’ensemble des experts présents ont souligné la nécessité d’aller progressivement vers la « vérité » des prix de l’énergie, et opter pour des subventions ciblées. Pour le professeur Chitour, les subventions profitent à 80 % aux classes aisées.
L’exploitation du gaz de schiste…après 2030
Sur l’exploitation du gaz de schiste – sujet à polémique – sur laquelle le gouvernement a tranché l’année dernière, les experts étaient partagés. Pour le professeur Chitour, cette option doit être bannie, évoquant les risques environnementaux de l’exploitation de cette ressource, que recèle le sous-sol algérien, et que les rapports mondiaux sur l’énergie, donnent comme étant la 3e réserve mondiale.
Pour Abdelmadjid Attar, expert consultant en énergie, les ressources fossiles devront dominer le mix énergétique de l’Algérie quand bien même, elle se lance « sérieusement » dans les énergies renouvelables. Selon lui, cette ressource (gaz) est indispensable pour la grande consommation industrielle et l’Algérie ne peut faire l’impasse de son exploitation. Il a précisé toutefois qu’elle ne peut être économiquement et technologiquement viable qu’après 2030.