L’Algérie doit adopter un modèle de transition énergétique basé sur les énergies renouvelables afin d’assurer sa sécurité énergétique dans un contexte de baisse des prix du pétrole, ont estimé samedi à Alger des spécialistes en énergie.
Lors d’un colloque national sur la sécurité énergétique organisée par le Club énergie de l’Association des anciens diplômés de l’Institut algérien du pétrole (AIED-IAP), des experts ont insisté sur la diversification des sources d’énergie afin, disent-ils, de rompre avec l’économie rentière. Pour M. Tewfik Hasni, président de l’Association, « la transition énergétique doit faire partie d’une transition économique. Les défis pour l’Algérie est de rendre plus efficace sa politique énergétique et de réduire le gaspillage de ces sources ». « Il n’est pas normal de continuer à brûler une source qui devient rare » a ajouté l’intervenant, qui a appelé à investir massivement dans les énergies propres et dans les ressources humaines. Il propose, pour ce faire, d’établir un « smart-grid » ou réseau intelligent pour développer les énergies renouvelables.
L’expert relève un important manque à gagner de l’utilisation des sources d’énergies fossiles. Selon lui, l’utilisation du gaz torché dans des hydrides solaires-gaz permettrait à l’Algérie de récupérer près de 54 milliards de mètres cubes/an dans les centrales électriques. « La transition énergétique prévoit de remplacer progressivement les énergies fossiles par les énergies renouvelables dans toutes les activités industrielles », a souligné, pour sa part, le professeur Chemseddine Chitour, pour qui « l’avenir de l’Algérie est dans le renouvelable ». Considérant l’Algérie, au même titre que d’autres pays, comme « victime » du marché mondial, le conférencier propose de mener une transition énergétique en passant d’un modèle « basé sur la disponibilité (l’offre) à un modèle basé sur la demande (rareté) ».
Modification radicale
Mais en parallèle, a-t-il poursuivi, il faut une transition « comportementale » et « sociotechnique » qui implique une « modification radicale » de la politique énergétique actuelle. De son côté, l’expert Abdelatif Rabah a estimé que « le passage à un nouveau modèle de consommation d’énergie doit passer par des choix stratégiques » et a préconisé l’étude de la structure réelle de la consommation d’énergie afin de pouvoir réguler cette ressource.
S’appuyant sur des études réalisées par des organismes spécialisées, M. Rabah a expliqué que la hausse continue de la consommation énergétique en Algérie était tirée essentiellement par les ménages et non l’industrie. « La consommation des ménages en produits pétroliers est passée de 39% (de l’ensemble des consommations) en 1980 à 43% en 2013, alors que la part de l’industrie est passée de 31% à 21% durant la même période, et celle des transports de 30% à 36% », a-t-il indiqué.
Pour sa part, l’ancien cadre à Sonatrach, Mohamed Baghdadli estime que le « déclin plus rapide des exportations que de la production d’hydrocarbures conventionnels » exige la mise en place de solutions dont « le développement des énergies renouvelables, les économies d’énergie mais surtout le changement du mode de vie actuel basé sur le pétrole ». L’expert propose, dans ce sens, de généraliser l’utilisation des énergies renouvelables notamment dans le bâtiment.