Dans un entretien accordé à Maghreb Émergent, Boukhalfa Yaïci, Directeur Général du Cluster énergie Solaire, nous parle des dernières avancées dans le programme des énergies renouvelables tracé par les pouvoirs publics et la nécessité d’aller concrètement au déploiement de cette ressource sur le terrain.
Il y a ceux qui sont en train de bloquer la transition énergétique. Ils attendent que les prix du gaz et du pétrole remontent, pour faire la transition avec le gaz de schiste. Il ne faut pas créer de la confusion dans ce domaine.
Je suis sûr et certain que s’il y a un plan de déploiement important qui est maintenu depuis très longtemps et qui se repose sur deux importants éléments ; l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Il faut seulement commencer le chantier.
Maintenant, dire que d’ici 30 ans ou plus il va y avoir des techniques d’exploitation de gaz de schiste, qui vont respecter l’environnement et protéger la population, c’est jouable. Mais pour le moment, on n’a pas les éléments nécessaires pour savoir si on doit aller dans cette direction.
Même constat pour les discussions sur le nucléaire. On a souvent parlé de production d’énergie à partir du nucléaire, depuis des années, mais aucune action n’a été mise en œuvre. Alors pour moi, c’est encore des bulles qu’on envoie mais sans un lendemain visible.
Selon vous, la solution reste toujours celle d’aller vers les énergies renouvelables ?
La tendance mondiale aujourd’hui, c’est les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Surtout quand on voie que l’ensemble des politiques des banques et des pays vont dans le sens d’encourager cette tendance.
Selon un document que j’ai eu récemment entre les mains, l’Union Européenne envisage de taxer tout ce qui est carbone à partir de 2023. Ils vont tout faire pour que tous les produits qui entreront en Europe à base de gaz et de pétrole soient surtaxés.
Si on ne fait pas cette transition vers les énergies renouvelables, on risque de nous retrouver pieds et poings liés et en ce moment-là, on pourra consommer notre gaz et pétrole mais on ne pourra pas le vendre.
Pensez-vous que les choses vont avancer pour cette fois-ci, sachant que tous les programmes des EnRs ont échoué, au moment où notre production d’hydrocarbure baisse ?
En analysant les choses depuis un an et demi, notamment dans les actions du gouvernement, il y a des étapes qui ont été initiées. Il y a l’indication du programme du gouvernement sur les EnR, en février 2020. Il y a eu la création du ministère de la Transition énergétique en juin 2020, et il y a aussi la décision du Président de la république, de mettre en place le programme de production de 1000 MW. Ce sont des jalons qui indiquent la tendance sur laquelle le pays est en train de se diriger.
Maintenant, il y a la prochaine étape qui intervient au cours des prochaines semaines, dans laquelle il y aura le déploiement du programme des 1000 MW. C’est en ce moment qu’on saura s’il y a des choses qui sont faites ou pas.
Je reste optimiste et je pense que la situation est différente de celle du passé. On devrait aller au bout de cette logique là.
Les échéances de 2030 ou 2040, sont proches et lointaines en même temps. Ce qui compte pour nous c’est d’y aller d’une manière soutenue et que rien ne puisse freiner les actions faites dans ce sens. Le déploiement du cycle combiné, par exemple, est toujours là et personne ne peut l’arrêté.
Donc, la réussite de ce premier jet de 1000 MW, va déterminer si effectivement il y a une volonté du pouvoir d’aller vers le développement des EnRs ou pas. Car ce programme est suffisamment important par sa taille, pour attirer l’attention des acteurs internationaux dans ce domaine, mais aussi pour son volet production d’énergie.
Mais en contrepartie, il y a un effort important à faire au niveau de la consommation. Sinon, on aura seulement changé la source de l’offre énergétique et gardé la même cadence de consommation.
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