Le DG d’Amana Assurance, M. Pierre Olivier Adrey, qui était mardi l’invité de Radio M, estime que près de 4 ans après leur filialisation intervenue le 1er juillet 2011, les assurances de personnes algériennes semblent finalement avoir digéré la restructuration voulue par les pouvoirs publics.
Pour Olivier Adrey, la réorganisation du secteur qui a imposé à l’ensemble des compagnies d’assurances de séparer les assurances de personnes et les assurances de dommages en créant des filiales distinctes « a créé dans une première étape un déséquilibre assez fort surtout au niveau de la distribution du fait qu’elle a obligé les agents généraux à souscrire de nouveaux mandats ; une démarche à l’égard de laquelle beaucoup d’entre eux se sont montrés réticents». Cette situation, qui a provoqué tout d’abord un recul de l’activité de la branche que le DG d’Amana évalue à « environ 30% », n’est plus aujourd’hui qu’un mauvais souvenir. L’activité a redémarré fortement dès 2013 et la production de la branche des assurances de personnes en hausse de 7% l’année dernière, s’est établie à un peu plus de 10 milliards de dinars en 2014, ce qui représente désormais « entre 8 et 9% du marché algérien des assurances », selon M .Adrey.
Une forte concurrence sur les tarifs et la qualité de service
Le patron d’Amana est convaincu que les nouveaux acteurs de la branche « qui sont au nombre de 7 avec peut être bientôt un 8ème, se sont donnés les moyens de réussir dans une branche très concentrée en matière de distribution et caractérisée par une forte concurrence sur les primes et la qualité de services ». Olivier Adrey en veut pour preuve la récente diminution de 15% des tarifs de l’assurance voyage opérée par Amana ainsi que l’engagement de sa compagnie à indemniser les sinistres dans un délai maximum de 15 jours.
L’option du partenariat….
Chacun a choisi une stratégie spécifique, commente le DG d’Amana. Certains ont créé des filiales contrôlées à 100% par la maison mère et d’autres, comme nous, ont décidé de créer des joint-ventures ». Une stratégie qui a donné naissance à la SAPS, devenue Amana fin 2013, qui est une filiale commune de la SAA, numéro un du secteur et de la MACIF française qui se sont associées à la Badr et à la BDL. Pour Olivier Adrey, l’avantage le plus clair de cette association réside d’abord dans la constitution d’un vaste réseau de distribution « multi-canal » qui va utiliser à la fois le réseau propre des compagnies d’assurance et les points de vente constitués par les agences bancaires.
…Et de la bancassurance
« Nous avons fait le choix de ne pas faire la distribution nous-même mais avec des partenaires », précise Olivier Adrey qui se dit convaincu que ce choix se révélera « payant à long terme » et que « c’est la bancassurance qui fera avancer le secteur de façon très forte dans l’avenir et c’est la raison pour laquelle nous sommes très heureux d’avoir la BDL et la Badr comme partenaires ».
Des choix qui ne sont cependant pas exempts de contraintes : « Nous disposons théoriquement de près de 1000 points de vente, mais l’ensemble du réseau n’est pas encore au même niveau et nos produits ne sont pas toujours suffisamment mis en valeur chez nos partenaires ». D’où la nécessité de renforcer le partenariat notamment à travers des actions de formation du personnel des banques qui va concerner par exemple « plus de 280 collaborateurs de la BDL d’ici fin 2015 ».
« Beaucoup de débats pour faire avancer la structure »
Au fait comment se passe l’association entre une compagnie d’assurance française à capitaux privés et des institutions financières algériennes à capitaux publics ? Le patron d’Amana ne cache pas que la règle 51 / 49 dans le secteur des assurances est « une expérience très complexe avec des partenaires qui ont une histoire et des expériences différentes ». « Nous nous sommes enrichis chacun de nos différences et il a fallu beaucoup de débats et de discussions pour monter et faire avancer la structure ».
Si l’apport de la MACIF a consisté dans l’introduction de nouveaux produits, « même si nous n’avons pas cherché à dupliquer tous les produits existants dans la maison mère », c’est surtout un apport dans le management de l’entreprise, qui a été confié contractuellement au partenaire français. Ce qui n’empêche pas la SAA « parce qu’elle a beaucoup d’expérience dans le secteur », ni la BDL et la BADR « qui ont une véritable volonté de se lancer dans la bancassurance » d’ « avoir des idées par exemple sur le e-banking ou le e-commerce » et de prendre une part active à la gestion de la nouvelle compagnie.
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